Un soir calme. Trop calme. Le chef de la sécurité avait ce sentiment qui ne lui faisait jamais défaut. Cette intuition qui l’avait sorti de bien des mauvais pas. Ou alors c’était peut-être son sens du danger qui s’activait. Encore que, c’était une sorte de don latent, mis en veille mais jamais éteint. Il avait presque eu du mal à finir sa séance de méditation. Assis en tailleur, le torse nu, luisant d’une fine pellicule de sueur. Il était posé sur un tapis rond, coloré aux motifs géométriques complexes, rappelant certains décors de temples hindous ou bouddhiques. Il y avait pour seul éclairage, quatre grande bougies cylindriques qui diffusaient une lumière tamisée, dans la chambre de l’indien. Les yeux étaient clos, le menton relevé, le dos droit. Les mains étaient jointes en une figure méditative vers son bas ventre. Il avait la conscience de l’inconscience. Il était là et ailleurs. Le tout dans l’Univers. Il pouvait réagir à l’environnement présent, tout en se laissant aller à la contemplation. Gan était dans cet état apaisant. Un état qu’il retrouvait chaque soir, afin d’équilibrer la journée passée. Doucement, d’un souffle, le « Ohm » survint. Il le puisait dans le sol, il s’accrochait à ses pieds, puis glissait délicatement, comme un félin reposé, le long de son corps. Sa colonne vertébrale comme échelle jusqu’au sommet de son âme. La bouche s’entrouvrit sur la parole qui chasse les ténèbres.  


« Ohmmmmmmm…….. » la particule emplit l’air d’une odeur de paix. Mêlée à l’encens cela faisait entrevoir des montagnes de possibles. Le chant douceur mit longtemps à s’évaporer dans l’air. Il était lui déjà debout dans la moiteur de sa chambre. Il s’avança paisiblement vers sa douche et ouvrit l’eau froide. Il frissonna lorsque l’eau enveloppa son corps. La différence de température aurait eu de quoi en désarçonner plus d’un. Pour lui c’était un exercice quotidien. Il trouvait un équilibre de plus. Un nouveau souffle. Car après tout, on le lui avait enseigné cela : tout est un souffle, qu’il dure 1 minute ou l’éternité. Alors le chef de la sécurité rentra la tête et courba le dos en laissant l'eau faire sont travail. Le liquide épurait la silhouette, enlevant et chassant la sueur et les toxines, purifiant l'âme reposée. L'humidité et la vapeur avaient formé une dense buée sur son miroir et on pouvait que deviner le corps finement musclé qui s'affairait dans la salle d'eau. Gan en sortit bien vit, un bip s'était fait entendre dans sa tête et sur un de ses appareils qui veillaient à la sécurité du manoir. La serviette autour de la taille il alla vérifier le capteur. Quelqu'un était de sorti apparemment... La marque se déplaçait et bientôt un nom apparu sur le petit écran de son pad. Il mit des vêtements sur sa pudeur. Chemise et pantalon bleu nuit, comme la nuit qui l'enveloppa lorsqu'il sorti de sa chambre.


Gan parcourut les couloirs étrangement silencieux, plus vif qu'une ombre traversant les murs. Tel un félin, il avançait à pas feutrés, la démarche sereine et calme. Le regard ne disait rien de plus que le futur. Il arriva bien vite dans l'immense hall du bâtiment et passa la porte sans rencontre fortuite. Sa cible était déjà dehors. L'éclairage tamisé du parc posait sur les lieux une ambiance paisible. L'eau chantait doucement dans cette fontaine et s'y assit, un léger sourire aux lèvres. Ses yeux luisaient d'une lueur indescriptible pour le moment.


"Bonsoir Monsieur Blackwood. On cherche l'aventure hors les murs?" Demanda t-il d'une voix amicale.

Plusieurs semaines que Shane Blackwood avait fait sa rentrée et les choses se présentaient plutôt bien en définitive. Si on omettait le fait qu'il s'était lui même, par sa propre volonté, entouré des mutations de la nature dont il exécrait l'existence. Ceci l'incluant, maintenant. Quelle ironie... En tout cas si qui que ce soit pensait que vivre parmis les Monstres dans son genre allait l'attendrir à leur sujet, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Il les avait toujours vus et les verrait toujours comme des bêtes de foire. Un peu comme un lapin à trois oreilles ou des rats mutants qu'il avait étudié -entre autres choses- dans ses labos enter botanique et pharmaceutique. Oui, il était assez gratiné comme garçon, lui même le savait et en était plutôt content, finalement. Si ce n'était que son masochisme de se remettre à étudier dans une école pour monstre de foire et même y dormir le rendait fou par moment.

Il avait fait des rencontres plus ou moins intéressantes mais surtout son colocataire qu'il arrivait à agacer autant qu'impressionner. A mettre sur la défensive autant qu'apparemment attendrir. Un peu. Qui sait... Enfin, il avait l'air bien trop sur sa planète pour lui être d'une quelconque utilité quand Shane commençait à tourner en rond, et il n'avait trouvé qu'une victime à traumatiser pour le moment. C'était trop peu. Il avait besoin d'un groupe pour asseoir son autorité mais... un groupe de mutants ? C'était hilarant, rien qu'en pensées. Il fixait en attendant le plafond de leur chambre alors que la respiration de Jay Jung à côté laissait entendre qu'il était endormi. Shane se leva, enfila un jean et une veste, ses chaussures pour rejoindre le couloir d'un pas feutré. Il n'avait pas réveillé l'autre et même si c'était le cas qu'est-ce qu'il allait faire... Il y avait certes un couvre feu, mais il n'avait plus quinze ans. Et même à quinze ans ça ne l'avait jamais arrêté.

Se retrouvant rapidement dehors, il se demandait ce qu'il allait pouvoir faire. En pleine ville, les méfaits étaient faciles à commettre surtout avec sa bande de bras cassés qu'il appelait "gang". Mais ici ? Il allait faire quoi, taguer les murs avec des horreurs qu'il avait déjà répandues sur de nombreux murs avant ? Il y avait sans doute des caméras sur tout le périmètre pour protéger les petites monstruosités du coin, et il n'avait pas sa panoplie du parfait petit délinquant sur lui, de toute façon. Il ramassa un caillou et le lança dans la fontaine du parc, avant de pondérer sur la situation. Il était sacrément désœuvré, en fait. Et ça ne lui plaisait pas du tout. Et puis, une distraction s'offrit à lui sous la forme du gardien de nuit. Un sourire s'étira à la commissure de ses lèvres dès que ce dernier eut prononcé son nom complet. Ce n'était pas sa première exaction où le grand machin essayait de le remettre dans le droit chemin. Le pauvre, s'il savait.

« Elle est arrivée à point nommée, M. Pyes. »

Il dit en restant dos à lui mais en tournant le regard vers le garde de nuit. Serieusement, il avait eu des ennuis pour ce genre de petits jeux dans ses anciens établissements, mais c'était si divertissant de jouer avec les enseignants... Et les palefreniers. Surtout que celui ci avait une carrure intéressante et qu'il ne semblait pas avoir -encore- envie de l'étriper.

« Je suis encore du bon côté du mur, y'a du progrès, dites donc, cette fois ci... Où alors tu t'attendais à ce que je recommence ? Je ne dois pas être le seul élève à vouloir sortir de sa prison dorée, si ? »

Il jeta un nouveau caillou dans la fontaine en essayait d'y faire des riccochets. Il retourna le regard à ce qu'il faisait et ajouta, amusé et pas du tout concerné par le sort qui l'attendait. Qui oserait l'expulser pour si peu, franchement.

« J'aurai une punition, cette fois ci ? »

Sincèrement, certaines personnes ne demandaient qu'à être martyrisées. C'était ce que lui criait son instinct assez souvent disons, et dans le cas du surveillant de maternelle aussi. Car oui il le voyait plus comme un chien de garde qu'autre chose, même s'il paraissait évident qu'à école spéciale il fallait un gardien spécial, il avait l'impression que celui prenait son rôle un peu trop à coeur. C'est vrai quoi, il avait largement plus que la majorité et il n'était pas prisonnier non plus. Ce couvre feu était d'une stupidité. Et donc leur entrevue resortait plus du jeu du chat et de la souris que de la réelle autorité aux yeux du jeune Blackwood. Surtout qu'il aimait jouer à ça. Surtout quand le chat était aussi...Aussi à bouffer.

« Peut être que j'évoquais la possibilité parce que j'ai besoin qu'on me punisse. »

Il railla avec un sourire, debout sur le rebord se la fontaine à présent, le sous entendu bien frais dans les airs et sur ses lèvres malignes. Outre la connotation sexuelle cela dit, il était probable que n'importe quelle personne le connaissant partirait qu'il fallait mater quelqu'un comme lui et le punir pour effacer ce sourire satisfait de son visage. Son arrogance pouvait être brisée, hein. C'était néanmoins ce que son père avait cru ces dernières années, et il s'y était repris à plusieurs fois, à en marquer son dos jusque dans la chair pour avoir osé ruiner la réputation de leur famille et sali leur nom un nombre incalculable de fois. S'il savait ce qu'il était devenu il ne serait peut être plus là d'ailleurs. Pas qu'il n'ait pas déjà essayé lui même tant il se dégoûtair. Alors non, l'utilité des punition n'etait pas très probante chez lui.

« Tu es d'une humeur de chien ce soir. J'ai interrompu quelque chose ? Certainement qu'un servant pareil à des tâches de la plus haute importance à gérer en plein milieu de la nuit, je m'excuse de te retarder...laisse moi deviner, il y a des rats autre que moi à chasser ? »

Il aimait provoquer, par contre se laisser attraper si facilement ce n'était pas au programme. Il avait compté passer la nuit dehors, au final les plans avaient changé mais il ne se rendrait pas sans un minimum de chaos d'abord  il recula pour mettre ses pieds dans la fontaine un par un, et continua jusqu'à ce qu'un jet l'arrose copieusement. L'eau était devenu un élément plus familier depuis qu'il essayait d'apprivoiser cette nouvelle capacité. Autant que sa situation le répugnait, il n'était pas aussi idiot que Gan Pyes semblait le croire.

« Mon colocataire dort à poings fermés je ne voudrais pas troubler son sommeil... Mais qu'en est-il de ton lit, surveillant Pyes ? Il doit être bien vide à présent... »

Il fit une moue contrariée tout en laissant sa chemise sous sa veste s'imbiber. Heureusement que le pressing existait. Pour le moment ça n'avait pas la moindre importance, et tirant dessus avec sa main il prit un air faussement ennuyé. 

« Je ne vais plus pouvoir retourner au dortoir dans cet état en tout cas...»

Il avait bouffé du lion ce soir, le sexy surveillant ? Shane ne se rappelait pas l'avoir connu aussi véhément par le passé. Inflexible face à ses facéties ça oui, leur rencontre en cuisait encore au jeune homme qui s'était senti légèrement humilié de se faire ramener par la peau des fesses alors qu'il testait ses libertés. A son âge il n'avait plus vraiment l'habitude qu'on lui fixe des limites même s'il les avait largement franchies depuis de nombreuses années. Les cicatrices dans son dos en attestaient, les punitions corporelles ne l'avaient jamais arrêté. Celles qu'il sous entendait au surveillant par contre, c'était peut être les seules qui le garderaient entre quatre murs ce soir. Il sourit, mouillé de la tête aux pieds en coiffant ses cheveux trempés en arrière. Il avait déjà une si mauvaise réputation auprès de lui ? pourtant il n'avait techniquement encore rien fait de vraiment mal...

« J'aime ton dirty talk. Tu sais comment me flatter, Pyes. »

Il sorti un pied puis l'autre sur le gravier et essorant sa veste, il aplati sa chemise sur son corps de façon plus ou moins naïve. Il s'aida du rebord pour se hisser à la hauteur de l'homme et lui voler un baiser mouillé. Et provoquant.

« C'est trop gentil de t'en faire pour moi. Guide moi alors, a moins que tu veuilles me porter dans tes bras pour éviter de tout saloper. »

Ses chaussures étaient un mélange d'eau de la fontaine et de vase, parfait pour le hall d'entrée. Lui qui était si maniaque de son apparence, s'il gagnait un aller direct dans son lit il n'allait pas chouiner pour si peu. Peu après dans les quartiers de l'homme, il retira ses chaussures et ses chaussettes pour fureter. la décoration thématique indou bouddhiste surpris le jeune Blackwood qui -il devait bien l'admettre- ne connaissait rien de l'homme qu'il visitait, mais s'il n'aurait pas su à quoi s'attendre pour lui aurait tout imaginé sauf ça . Il laissait glisser ses doigts sur les meubles et la décoration, une tenture par ci, un Bouddha par là, quelques effets personnels dont une montre qu'il souleva pour l'observer sous toutes ses coutures. Un livre de chevet qui le fit sourire. Il était curieux lorsqu'il investissait des lieux. Et toujours aussi peu respectueux de la vie privée des gens.

« Tu veux que je me lave pour ne pas salir tes draps ? Je suis un rat des villes, qui sait quel genre de saleté traîne sur moi. »

Il ironisa près du lit. Shane avait beau garder un minimum de panache et de tenue, il le dévorait carrément des yeux, de loin. Son don d'en imposer ne marcherait sans doute pas sur lui et c'était peine perdue d'essayer. Shane était simplement lui même, trempé et défaisant ses vêtements sans vraiment faire attention où il les laissait choir, insolent au possible. Le pantalon gisait sur le sol déjà. Lui restait sa chemise et sous vêtement et son air impétueux à présent.

Comment ne pas être ravi et garder un visage autre que satisfait concernant le changement de plan de sa soirée ? Il aurait quoi, écumé les bars, joint quelques connaissances pour ce faire et causer quelques ennuis de quartier, en riant jusqu'au lever du jour. Mais ça ça pouvait être n'importe quel soir. Ce n'était pas n'importe quel soir que la porte du surveillant Pyes s'ouvrait pour lui, en tout cas pas connaissant celui ci. D'autres portes s'étaient déjà ouvertes pour le jeune Blackwood dans l'établissement depuis sa venue, parfois un banal placard à balais parfois plus...officiel. C'était entre autre pour compenser le fait que ça ne serait certainement pas sa chambre qu'il partageait avec le chaste Jay Young qui servirait lors de ses soirées de méfaits divers. Quoi que ça l'aurait beaucoup amusé. Pas forcément pour batifoler avec le concerné d'ailleurs, ça c'était de l'ordre du presque impossible apparemment mais tout ce qui pouvait l'enquiquiner, Shane prenait. Pour le moment il en enquiquinait un autre qui jouait son rôle d'inflexible montagne. Le jeune Blackwood savait qu'il pourrait le faire plier. Lui même devait se montrer souple pour s'adapter à ses remontrances. Oh, et s'il pensait sincèrement qu'il allait nettoyer après lui le désastre de ses vêtements et chaussures trempées à travers l'établissement... Hors de question qu'il se serve de ses capacités de monstre de foire pour ça.

Une fois son inspection du lieu aussi peu personnel qu'il eut été possible d'être faite, il le suivit jusqu'à la salle de bain. Ils étaient plutôt bien lotis, les surveillants, mais c'était sommaire. Shane observa encore tout ce qui appartenait à l'autre jusqu'au déodorant qu'il utilisait et qui lui accentuait son odeur musquée avant de lui faire face dans un sourire dans l'espace exigu. Loin d'être dérangé par la proximité.

« Tu aimes les garçons sages Pyes ? Déformation professionnelle ou petite manie...»

Il se glissa entre la serviette et l'homme, dans son boxer et sa chemise plus qu'inutile vu comment elle était trempée. Peut être que si Shane essayait vraiment, il serait capable d'extraire l'eau de ses vêtements avec ses nouveaux sens. Il pourrait aussi l'arroser, mais il se contenta de se coller de façon ostentatoire pour qu'il le sèche à sa place. Oui, il avait eu l'habitude qu'on s'occupe de lui de cette façon étant plus jeune. Vu l'argent dont son père disposait, le paternel  n'avait pas beaucoup eu à s'occuper de lui ni Shane faire les choses par lui même avant un certain âge. Mais il fallait avouer qu'une nounou comme Gan Pyes ça ne faisait pas tout à fait le même effet. Son sourire ne lâchait pas ses lèvres tandis que l'autre s'affairait. C'était plutôt agréable tout ça, pour une punition.

« Et je dois y rester seul ? Pas qu'il n'ait pas l'air assez confortable, mais je suis frileux, la nuit. »

Il se blotti simplement et sans aucune retenue il laissa promener ses mains d'abord sur son torse puis il tâta la marchandise qu'était le fessier musclé par le yoga, humant le parfum du surveillant dans la plus grande impunité. Il n'y avait pas à tortiller, l'autre était particulièrement bien fait et ça saillait à ses goûts.

« Je saurais être sage si c'est ce que tu veux... Le parfait petit ange de bonne famille qui ne connaît pas la grossièreté. Je ne voudrais pas froisser ta droiture. »

Il lui mordit la lèvre. L'image de l'angelot lui allait à ravir mais ses cheveux en arrière et ses yeux qui trahissait ses envies criaient des insanités. Il les murmura plutôt. Dans un langage plutôt cru pour son âge. Avec des détails qui faisaient rougir certains amants, avant de lui sourire à nouveau.

«... Si ça te sieds bien sûr. »