Jogging bien matinal <3 ( Ft Jay Jung )

**≡ date d'inscription :** 01/11/2016

Il était 5h30 quand le réveil de Guillaume sonna. Le blondinet jeta son bras dessus d'un coup, écrasant à moitié le pauvre objet victime de son réveil. Ses cours ne commençaient que dans 2h30 certes mais il avait prévu de courir un peu avant d'attaquer la journée. Commencer par du sport était plutôt bon pour la santé mais pas que... C'était aussi excellent pour le moral du frenchy. Il se retrouvait seul sur le campus, avec sa musique, personne dans sa tête. Aucun mot qui ne lui parvenait, aucune pensée. C'était presque le paradis pour le jeune homme en fait, même s'il avait un petit manque. En effet, il y a quelques mois, l'étudiant en littérature avait fait la rencontre à la piscine puis sur les pistes de jogging à un garçon assez amical, Jay Jung. Pouvait on parler d'amitié ? Il n'en savait rien mais une chose était sûre : Ce garçon était bien la seule personne à qui Guillaume parlait autant. D'habitude, il était plutôt du genre à éviter les relations sociales mais pas avec lui. Il se sentait comme « attiré » par cet étudiant mais depuis quelques semaines, cette « attirance » amicale avait pris fin assez subitement. Jay avait disparu de la circulation, laissant le blondinet de nouveau seul à la piscine ou les matins lors de ses joggings matinaux.

Une nouvelle routine s'était donc instituée après, le coup de poing sur le réveil. Guillaume se levait, enfilait jogging et sweat à capuche avant de prendre son mp3. Le blondinet se fit un café rapidement. Rien de mieux pour se réveiller... Puis le temps que la boisson noire soit chaude lui laissait le temps de se passer un coup d'eau fraîche sur son visage. Toujours froide... l'aider à émerger des bras de Morphée. Après, il s'enfilait son mug puis mettait ses baskets avant de quitter sa chambre étudiante. Même programme tous les matins avant le jogging.

Ce matin, le temps était brumeux mais laissait percevoir une jolie journée ensoleillée quand le brouillard se sera levé. Guillaume respira l'air frais puis sourit avant de mettre ses écouteurs dans ses oreilles. Il choisit d'écouter U2 ce matin, un bon groupe de rock irlandais qu'il aimait beaucoup puis mit le petit appareil dans la poche de son jogging avant de finir par cacher sa tête dans sa capuche. C'est qu'il faisait frais dehors malgré tout comme le prouvait la fumée s'échappant de ses lèvres quand il soufflait. Une, deux, trois et en petites foulées, voilà le jeune homme partit pour son jogging. Il était à peine 6 heures. Oui, très tôt mais les risques de croiser quelqu'un était mince ainsi. Cela valait bien un réveil matinal pour le blondinet. Aucune personne à croiser avec des pensées qui s'insinuaient dans sa tête. Même s'il apprenait petit à petit à vivre avec ce pouvoir de télépathie, c'était loin d'être un combat gagné pour le jeune Dubois. Les persécutions qu'il avait subi enfant, restait en lui et le faisait toujours douter horriblement. Par moment, il se demandait encore s'il était fou ou peut-être même schizophrène. Le jeune homme enviait tous ses mutants bien dans leurs peaux qui savaient contrôler leurs pouvoirs... Et par instant, il enviait même les humains. Eux n'avaient aucun soucis... Aucune voix dans leur tête.

Le jeune homme soupira avant de se vider sa tête et d'augmenter sa foulée de course. Cela lui rappelait ses instants où avec Jay, ils faisaient la course le matin comme deux enfants. Son ami de sport lui manquait même s'il était habitué à la solitude depuis enfant.

**≡ date d'inscription :** 10/06/2016

Ces deux derniers mois n’avaient rien eu de simples. Entre la tournure qu’avait pris les manifestations auxquelles il avait participé, et l’hospitalisation d’Adrian… Cela n’avait pas été simple pour lui. Ni pour Elian. Et Corey n’avait pas beaucoup plus de chance. Ils ne se voyaient que peu. Lors de ses furtifs passages à l’institut. Jay ne restait que peu en dehors de cours. Sa chambre avait été laissée vide pendant de nombreux jours. De très nombreux jours. Il avait un peu oublié tout et tout le monde. Il avait l’égoïsme de la personne blessée, qui espérait qu’en allant voir tous les jours, Adrian, celui qui était presque comme un second père pour lui réouvrirait les yeux. Mais il fallait se rendre à l’évidence, cela n’arriverait pas. Ou du moins, c’était incertain. Personne ne pouvait savoir quand cela arriverait et si cela arriverait. Jay devait se rendre à l’évidence et arrêter de vivre pour cette obsession. Arrêter de ne vivre que pour ces visites à l’hôpital. Il avait ramené ses affaires à l’institut, avait retrouvé sa chambre. Et essayait de raccrocher avec ses habitudes. C’était difficile mais… Il était bien obligé d’aller de l’avant. Pour lui. Mais surtout pour les autres. Il voulait avancer pour Corey. Pour son père. Pour tous ceux qui comptait sur lui.

Il s’était réveillé aux aurores. Ou plutôt, il n’avait pas vraiment trouvé le sommeil. Il sortit silencieusement de la chambre, en tenue pour aller courir. L’effort lui ferait du bien. Probablement. Même s’il avait perdu de sa forme, son corps amaigri par l’angoisse et la tristesse. Il arriva sur le stade. Et… Il sourit en apercevant au loin une silhouette connue. Guillaume. Il avait presque oublié le garçon. Il s’en voulait. Mais avec tous ses soucis, difficile de penser à autre chose qu’à sa peine. Il retira ses écouteurs de ses oreilles, et se mit à courir, essayant de ne pas accélérer trop abruptement, mais il voulait arriver à la hauteur du français. Ce qu’il finit par faire au prix d’un effort plus pénible qu’avant. Il allait avoir du mal à suivre le rythme de son compagnon de course habituel.

“Bonjour…” lança-t-il en français en arrivant à sa hauteur. “ Toujours aussi matinal… Désolé de l’absence… Je vois que tu as pas perdu le rythme…”

Lui par contre… Ses joues étaient déjà rougies par l’effort et son souffle sacadé. Il avait perdu en endurance. Clairement. Et le manque de sommeil accumulé se voyait dans son manque d’énergie, mais il ne demanderait jamais à Guillaume de ralentir. C’était à lui de remonter la pente. Il en avait la détermination.

“Je… J’ai eu quelques soucis dans ma famille… Un oncle à l’hôpital… Alors… J’ai passé du temps avec mon père…” se sentit-il obligé d’ajouter, cette fois en anglais. “Désolé… ça va toi ?”

**≡ date d'inscription :** 01/11/2016

La solitude, Guillaume s'y faisait et l'entretenait en fait. Le jeune homme avait peur des autres, de la foule. Un psy officiait dans les lieux de l'institut. Il en avait entendu parler et se tâtait à aller le voir. Peut-être que parler, se confier, avouer toutes ses fautes lui feraient du bien ; mais là encore il avait peur. Peur que cet homme ne se moque de lui, de sa fragilité derrière sa carapace forte qu'il montrait en apparence. Parce que oui, le télépathe n'était pas fort. Il était tellement faible et le fait d'être seul, ne faisait qu'augmenter ce sentiment. Au moins, avec son compagnon de jogging, il avait l'impression d'être un normal l'espace de quelques secondes. Ils pouvaient parler de tout, enfin surtout de sport et de performances. C'était grâce à lui que souvent, les matins, le frenchy venait courir ici sur le stade. Jay lui avait appris à ne pas avoir peur des autres... Ou plutôt à cacher sa peur afin que personne ne la devine. Il ne savait pas si ce que le liait avec l'asiatique était de l'amitié mais c'était ce qui y ressemblait le plus à ses yeux en tout cas.

«One love
One life
When it's one need
In the night
One love
We get to share it
Leaves you baby if you
Don't care for it »

La musique qui siégeait dans ses oreilles était belle, tellement et les paroles l'étaient tout autant même si lui n'était pas en mesure de les comprendre. Un amour... Une vie... Qu'est ce que l'amour ? Le vrai... Guillaume n'en savait rien. Il ne connaissait pas ce sentiment et sans doute qu'il ne le connaîtrait jamais. Cette chanson aussi belle soit elle, était un peu du chinois pour le jeune homme. Jamais, il ne pourrait en comprendre le sens et... Des bruits de pas le sortit de sa torpeur, encore plus quand ils s’arrêtèrent à sa hauteur. Il enleva les écouteurs de ses oreilles et se tourna pour voir qui c'était. D'ordinaire personne ne venait l'embêter les matins et courir avec lui sauf...

- Jay ?!

Il ne retenir sa surprise le jeune homme alors qu'il reconnut les traits émincés de son ami. Il avait maigri mais était toujours le même. Il le reconnut aisément malgré sa fatigue apparente. Apparemment, Jay avait passé des semaines horribles et il comprit pourquoi face à son explication. Lui était orphelin alors il n'avait pas de famille mais il se doutait que cette douleur devait être douloureuse. Là, encore, il ne savait comment lui remonter le moral et... Le frency fronça les sourcils en percevant ses pensées. Presque immédiatement, le jeune homme ralentit sa course pour ne pas faire souffrir son ami plus.

- Oh... C'est moi qui suis désolé. Je.... Si je peux faire quelque chose pour toi, Jay ? N'hésite pas. Même s'il ne s'agit que d'écoute ou de sport. Je suis pense que je pourrais m'en sortir.

Guillaume se tourna vers l'asiatique avec un léger sourire. Le blondinet était débutant dans ce genre de relation amicale mais il apprenait vite, puis il voulait aider Jay. Peut-être que courir lui fera du bien ou... Un café.

- Moi ? Tu me connais suffisamment pour savoir que je suis un solitaire presque incapable de m'adapter aux autres. Mais tu... Veux peut-être prendre un café ? Ou manger quelque chose.

**≡ date d'inscription :** 10/06/2016

Jay continua de courir et ne put s’empêcher d’avoir un sourire reconnaissant en voyant le français ralentir. Il avait lu dans ses pensées ? Apparemment oui. Autant Jay y était habitué avec Corey. Autant avec Guillaume, il en était encore surpris.

“Je ne crois pas… sauf si tu t’es découvert le don de sortir quelqu’un du coma…” répondit-il avec un sourire un peu triste. “Ne t’en fais pas, je vais m’en remettre, je suis plus solide qu’il n’y paraît…”

Il avait bien remonté la pente à la mort de sa mère alors… Il pourrait s’en remettre. Et peut-être qu’Adrian les surprendrait tous en se réveillant au moment où ils s’y attendrait le moins. Il l’espérait sans trop se faire d’illusions. S’attendre au pire valait mieux que la déception d’avoir trop cru au meilleur.

Il eut un petit rire en entendant l’autre.

“Pourtant tu as l’air de plutôt bien t’adapter à moi… comment je vais faire pour retrouver la forme si tu me ménages comme ça ?” depanda-il avec un sourire entendu. “On finit ce tour là d’abord ? Faut bien que je m’y remette un peu…”

Il avait suffisamment perdu comme ça en condition physique. Il avait besoin du sport pour se remettre sur les rails. D’avoir quelque chose de stable dans sa vie. Des repères pour rythmer le bordel de sa vie. Il termina le tour du stade silencieusement se concentrant sur sa respiration et ses muscles déjà fatigués. Il s’arrêta en ralentissant doucement et continua un peu de marcher. Il fit signe à Guillaume pour lui faire comprendre qu’il devait s’étirer un peu. Déjà qu’il souffrirait de la reprise autant éviter les claquages ou refroidissement trop abruptes.

“Tu veux sortir pour le café ? Je connais une pâtisserie française pas mal si tu veux… ça te ferait plaisir des croissants au beurre et des…. Hm.. Chocolines ?” demanda-t-il avec un accent du sud de la France sur le dernier mot.”On peut prendre ma voiture…Il faut juste que je repasse prendre mon sac dans ma chambre…”

Sortir avec Guillaume lui ferait sans doute du bien. Et puis le gérant de ce commerce, un grand barbu aux allures de nounours était le genre de personne qui mettent de bonne humeur. Et les pâtisseries vraiment bonnes.

Alors une fois l’accord du français obtenu, ils retournèrent chercher son sac et Jay l’amena jusqu'à sa voiture.

“Tu veux conduire ?” demanda-t-il avant de monter. “Vu la nuit que j’ai passé ce serait peut-être plus prudent ? Je ferai gps, promis !”

**≡ date d'inscription :** 01/11/2016

Guillaume était triste pour Jay. Il était son seul ami dans ce monde et il ne pouvait pas l'aider. Même son foutu don ne servait à rien et était envahissant en fait. S'il pouvait le changer ou être humain tout simplement, il le ferait. Oh oui... Sans aucune hésitation, hélas, cela était tout simplement impossible. Il se rendit compte du fardeau que porter que l'asiatique et lui ne pouvait rien faire. Alors il baissa ses yeux tout en courant au rythme de Jay avant de grimacer. Oui, il avait lu dans ses pensées sans le vouloir et il se serait bien gifler. Un monstre ? Voilà ce qu'il était clairement ! Un monstre car il s'introduisait sans le vouloir dans la tête des autres.

Le silence s'installa alors que la musique reprit dans ses écouteurs. «On dirait » Amir. D'un coup, il eut envie de balancer les écouteurs loin de lui. Ces paroles étaient nulles. Non, mais c'est vrai personne ne pourrait le sortir de cet enfer et il n'avait personne pour le sortir de là. A part Jay... sûrement. Mais cette chanson lui fit monter les larmes aux yeux alors que d'un coup sec, il éteignit son mp3 avant de le ranger dans son sac. Comme si de rien n'était, le jeune homme continua de courir pour finir le tour du stade. Il ne croyait plus en rien. Telle était la vérité la plus simple en fait... Il n'avait jamais cru en rien sauf... En la mort.

Laissant le brun s'étirer, il en fit de même avant de hocher sa tête. Son appétit venait d'être couper par une stupide chanson mais après tout, parler avec Jay lui ferait du bien, le sortirait de sa torpeur habituelle. Alors Guillaume le suivit jusqu'à sa chambre pour récupérer son sac puis jusqu'à sa voiture avant d'ouvrir grands les yeux.

- Ce n'est pas illégal de conduire sans le permis ? Je te rappelle que je ne l'ai passé, Jay. Mon moyen de transport est le bus mais je vois bien que tu as une sale tête, sans vouloir te vexer mais quand même !

Non, le frenchy ne voulait pas prendre le risque de faire du mal à son ami. On ne savait jamais ce qui pourrait arriver puis s'il serait incapable de contrôler ce véhicule. Bon d'accord, il connaissait la base de la conduite. Le blondinet n'était pas aussi stupide que cela mais c'était une responsabilité de conduire sans permis et sans leçon de conduite quand même !

- Je... Ta pâtisserie est loin ? On pourrait peut-être prendre le bus ? Non que j'ai peur de conduire.

Oui, Guillaume ne voulait pas paraître pour plus trouillard qu'il ne l'était déjà puis surtout, il ne voulait pas décevoir Jay et le faire fuir. Non surtout pas lui... Pas Jay... Son seul ami. Après tout, il pouvait bien aller à l'encontre des lois et du règlement. Mais s'il arrivait du mal à l'asiatique, jamais... Oh grand jamais, il ne pourrait vivre avec un tel fardeau sur son dos.

Il serait bien trop lâche.